Création d’une fontaine musicale en mémoire de l’œuvre de Stravinsky, par Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely.
Entre le Centre d’Art moderne de Beaubourg et l’église Sainte Merri on trouve la place Stravinsky, ses dessinateurs au sol, ses tags et surtout sa fontaine. Le bassin de plus de 580 m2 présente des modules colorés en mouvement qui attirent l’œil et l’oreille… Tous les parisiens se sont arrêtés au moins une fois devant cet ensemble, mais très peu savent par qui et pourquoi cet ensemble artistique a été réalisé.
Le bassin, de dimensions impressionnantes (36 sur 16,50 mètres), présente la particularité d’être bordé d’une sorte de banc qui permet aux passants de s’asseoir un moment, mais en tournant le dos à l’œuvre !
Réparties sur l’ensemble du bassin, 16 sculptures en mouvement jouent avec l’eau et les sonorités. Ici, l’eau est propulsée, là elle gicle, et un peu plus loin elle coule tout simplement. Les structures métalliques font un également du bruit et l’ensemble donne une impression de concert joué par un orchestre de formes étranges…
Les sculptures ont été réalisées par le couple d’artistes Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely. On reconnaît les œuvres de Niki de Saint Phalle par leurs rondeurs et leurs couleurs exubérantes, et celle de Tinguely par l’utilisation de l’acier noir et un aspect plus pointu et anguleux. L’osmose totale des 2 artistes se retrouve dans seulement 3 œuvres réalisées en commun : la Mort, l’Eléphant et l’Amour…
Il est étonnant de se rendre compte qu’au premier coup d’œil le simple passant ne voit que les œuvres colorées, rondes et pleines de Niki de Saint Phalle. Il ne découvre que par la suite les sculptures plus décharnées et évidées de Jean Tinguely. D’autant plus étonnant que Tinguely a réalisé pour la fontaine une sculpture de plus que sa femme (7 contre 6) !
Chacune des sculptures fait référence à Igor Stravinsky, parfois de manière directe à son œuvre comme L’Oiseau de feu, parfois à l’homme ou aux thèmes visités par le compositeur, comme L’Amour, Le Serpent , La Sirène…
Jean Tinguely a utilisé pour cette œuvre ses matériaux habituels, tels que l’aluminium et l’acier peint en noir. Les rouages, manivelles et bras articulés des structures sont mis en mouvement par des moteurs cachés. On lui doit La clé de sol, La vie (corne d’abondance), la Spirale, la Grenouille, Ragtime, Le renard, la Diagonale.
Niki de Saint Phalle a, pour sa part, repris son polyester armé de fibre de verre, consolidé par des structures en acier qui donnent à ses sculptures un côté enfantin, mais également une impression de légèreté. On la retrouve dans les sculptures suivantes : la Sirène, l’Oiseau de feu, le Chapeau de clown, le Cœur, le Serpent, le Rossignol.
Dominant la place, une gigantesque « fresque » de 22 mètres de hauteur sur 14 de large interpelle le passant. Un homme, le doigt sur la bouche, semble nous demander de faire moins de bruit… peut-être pour écouter l’eau de la fontaine et les cliquetis des structures ?
Ce monumental pochoir, intitulé Chuuuttt a été réalisé par Jef Aérosol, figure du street-art français, qui a essaimé ses œuvres à Paris, New-York et Londres. Cette fresque est un autoportrait.
Si vous aimez Niki de Saint Phalle vous pouvez retrouver d’autres œuvres de l’artiste dans Paris.
Au Centre Georges Pompidou – Beaubourg, dans le Musée national d’Art moderne,
à l’Opéra Bastille : L’œuf, la femme et le serpent (sur un socle de Jean Tinguely),
au Cimetière de Montparnasse, la tombe de Jean-Jacques (Oiseau),
au Cimetière du Père Lachaise la tombe de Ricardo Meno (le Chat de Ricardo),
et au Musée des Arts Décoratifs.